Si, comme nous venons de le voir, l’activité du côté des plate-formes en ligne est considérable – sites, distributeurs et bibliothèques –, il faut reconnaître que celle de l’industrie du hardware est encore plus vigoureuse. En plus de l’Ozon Galaxy ou de la iChitalka, auparavant mentionnés, on fabrique en Russie des dizaines d’e-readers commercialisés aussi bien sur le marché interne qu’à l’étranger, en particulier dans les ex-républiques soviétiques. La variété et la sophistication de ces appareils locaux sont si grandes qu’un spécialiste en édition électronique comme Vladimir Prohorenkov constate :
En 2010, j’ai personnellement testé 32 e-readers différents, parmi lesquels il n’y avait que peu d’appareils étrangers : le SonyPRS-350/650, le Nook de Barnes&Noble et le Kindle d’Amazon. Tous les autres étaient des produits nationaux, autant pour leur conception que leur fabrication [1].
Et il est vrai qu’en entrant sur le site The-eBook – dont Prohorenkov est le coordinateur –, le visiteur découvre une myriade de dispositifs de lecture dont on ne parle habituellement pas dans les médias étrangers.
Une nouvelle dont, en revanche, les portails d’information en Occident se sont fait l’écho, c’est l’alliance entre PlasticLogic et Rusnano, peut-être à cause du grand impact que cette association aura dans l’industrie du hardware en général, en particulier sur le terrain des e-readers. Rusnano – une mégacorporation d’État de nanotechnologie basée à Moscou – a décidé d’investir 700 millions de dollars dans la compagnie anglo-américaine PlasticLogic. Son objectif est d’installer une usine de fabrication de composants électroniques sur le territoire russe. De nombreuses sources concordent pour dire que l’initiative vise à massifier la production d’écrans plastiques pour e-readers [2]. Quoi qu’il en soit, il est évident que la Russie est en train de devenir un acteur incontournable dans le domaine des dispositifs de lecture.
- Entretien, janvier 2010.↵
- Cf. Gorst, Isabel : “Deal of the day: betting on Russia’s e-readers”, The Financial Times, 26 novembre 2010.↵